Les élasticités d’Armington pour l’économie belge [ Working Paper 12-24 - 03/10/2024]

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  Auteurs

Beni Kouevi-Gath (A)
 
A : Auteur, C : Contributeur

  Type de publication

Working Papers

Le Working Paper présente une étude ou analyse menée d’initiative par le BFP.

Synthèse

L'élasticité d'Armington, ou la réaction des flux d’importations à la suite d’un choc sur les prix internationaux, joue un rôle crucial dans les modèles macroéconomiques ouverts et ceux du commerce international, en particulier pour une petite économie ouverte comme la Belgique. En effet, les prédictions de ces modèles dépendent fortement de la valeur de ce paramètre. Or, la valeur de l'élasticité d'Armington est encore très débattue et les études empiriques offrent une fourchette de valeurs trop large pour permettre de trancher la question. De plus, les valeurs prises par ce paramètre pour reproduire les caractéristiques des cycles économiques dans les modèles macroéconomiques tendent à être trop faibles par rapport à celles obtenues par les études micro-économétriques. Par conséquent, il est difficile de calibrer les modèles macroéconomiques en s'appuyant sur la littérature existante.

L'objectif de cette étude est d'estimer les élasticités d'Armington de façon à calibrer un modèle macroéconomique ouvert à un ou à plusieurs secteurs pour la Belgique. À cette fin, elle estime d'abord l'élasticité au niveau très désagrégé des produits à 6 chiffres de la nomenclature du système harmonisé (SH). Il agrège ensuite les données pour les groupes de produits de la classification des produits par activité (CPA) et effectue des estimations à ce niveau également. Les estimations qui en résultent peuvent être utilisées pour calibrer un modèle multisectoriel de l'économie belge tel que DynEMItE. Pour un modèle à un secteur tel que la version belge de QUEST III R&D, les élasticités estimées obtenues pour les groupes de produits CPA sont agrégées pour obtenir une élasticité agrégée unique.

L'estimation de l'élasticité d'Armington est confrontée à au moins deux problèmes d'endogénéité. Le premier est le biais de simultanéité qui provient de la détermination simultanée des prix et des quantités. Le second est dû aux erreurs de mesure, car les prix ne sont pas observables dans les bases de données du commerce international et sont remplacés par des valeurs unitaires. Pour résoudre ces problèmes, nous utilisons le cadre développé par Feenstra (1994). Ce dernier traite l'endogénéité en estimant un système d'équations simultanées contenant à la fois l'offre et la demande d'importations. En outre, il exploite la structure de panel des bases de données du commerce international pour construire des instruments internes.

La méthodologie est appliquée aux données de la base de données BACI afin d'estimer les élasticités d'Armington pour différents niveaux d’(de) (dés)agrégation. Les résultats indiquent une forte hétérogénéité dans les estimations, non seulement entre les produits à 6 chiffres du SH, mais aussi entre les groupes de produits CPA. Pour les premiers, les estimations vont de 1,12 à 70,69. Pour les seconds, les élasticités estimées se situent entre 2,40 et 16,63. Les résultats suggèrent que la calibration des modèles macroéconomiques devrait tenir compte de cette hétérogénéité entre les groupes de produits. Ils suggèrent également que pour limiter l'effet du biais d'hétérogénéité dans un modèle à un secteur, il est souhaitable d'effectuer des estimations avec des données désagrégées avant de les agréger correctement. Cela implique une élasticité d'Armington agrégée qui se situe entre 1,98 et 2,48 pour un modèle à un secteur.